Académie de Béarn – 100 ans

Naissance d’un prix littéraire

Voltaire l’a écrit : « De Pau jusqu’à Dunkerque, tout ne sera bientôt qu’Académie en France. » En effet, le 6 décembre 1718, relevant le défi de ceux qui disaient à Versailles, auprès du Roi, que les Béarnais ne cultivaient aucun art et ne s’appliquaient à aucune science, naît à Pau une Académie de musique qui devint très rapidement l’Académie Royale des Sciences et Beaux-Arts de Pau, mais qui fut dissoute à la Révolution, le 8 août 1793. C’est l’ancêtre de l’actuelle Académie de Béarn.

Toutes les académies nées sous le sceau des Lumières organisaient des concours et remettaient des prix à des esprits brillants d’origine parfois modeste voire inconnue des notables qui les composaient. L’exemple le plus célèbre restera celui de Jean-Jacques Rousseau dont le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1754) trouve son origine dans un concours lancé par l’Académie de Dijon.

De même, l’Académie Royale de Pau proposa durant le siècle une cinquantaine de concours consacrés à la morale et à l’économie, mais également à la littérature et à l’histoire. Christian Desplat, président de l’Académie de Béarn entre 1997 et 2000, relate dans un de ses ouvrages l’histoire de cette Académie Royale de Pau au XVIIIe siècle et des prix qu’elle distribua.

1924. La résurgence de l’activité académique en Béarn

En fondant l’Académie de Béarn, au château Henri IV de Pau, le 24 avril 1924, le docteur Georges Sabatier, qui fut son premier secrétaire, ainsi que Pierre Lasserre, Gaston Mirat et Louis Barthou renouent avec cette tradition académique des concours et des prix. Le modèle des académiciens était clairement l’Académie française à laquelle certains académiciens de Béarn appartenaient parallèlement, tels Louis Barthou ou l’abbé Henri Bremond : des humanistes souhaitant encourager les lettres et les arts, favoriser la circulation des idées et développer des publications scientifiques d’auteurs béarnais, avec un souci et même une mission d’utilité sociale et intellectuelle.

Les statuts stipulent, dans l’article 1er « But et composition de l’Académie », entre autres éléments que vous ne détaillerons pas ici, que l’Association dite « Académie de Béarn » a pour but « de distribuer des prix triennaux de littérature, peinture, sculpture, musique » et de « récompenser des ouvrages scientifiques, littéraires ou artistiques ». Il revenait au Conseil administrant l’Académie « de prendre connaissance des œuvres littéraires ou artistiques soumises à son examen pour le prix triennal, d’arrêter et de présenter à l’Assemblée générale la liste des candidats au prix dont il s’agit ».

L’année 1924 fut d’ailleurs marquée par la remise du prix Goncourt à l’écrivain béarnais Thierry Sandre ; et trois livres d’auteurs béarnais faisaient partie d’une sélection de neuf ouvrages choisis par le Comité de Paris car « susceptibles d’attirer l’attention de l’élite intellectuelle du monde » : Un cadet de Béarn par Charles de Bordeu, L’enlèvement sans clair de lune par Tristan Derème et La Jeunesse d’Ernest Renan par Pierre Lasserre.

Ainsi, un an plus tard, en 1925, le jour de sa séance annuelle, l’Académie de Béarn décerna un prix de littérature de mille francs à un auteur béarnais, Charles Foix (1882-1927), médecin mais également écrivain, poète (Une TrilogieLes BassaridesProméthée) et dramaturge (David).

Le Docteur Charles Foix, lauréat du prix de poésie de l’Académie de Béarn, fut ensuite élu académicien, en compagnie de Thierry Sandre, le 8 avril 1926.

Les premiers numéros annuels de la Revue de Béarn témoignent largement de cette activité intense autour des lettres et des arts, par exemple lors des fêtes littéraires données à Pau en 1926 pour commémorer Maurice Barrès, début d’un projet de célébrer chaque année la mémoire d’un artiste ou d’un savant, Taine, les Reclus, etc. En 1929 c’est l’École Gaston Fébus qui reçut le prix annuel pour la publication de son dictionnaire béarnais enrichissant de plus de 20.000 mots celui de Lespy.

2024. Le centenaire et le choix d’un Prix littéraire durable

Depuis un siècle, l’Académie de Béarn a essayé, au fil de ses époques et de ses présidents, d’entretenir cette tradition académique de prix littéraires. Par exemple, entre 1996 et 1999, il a existé un Prix Académie de Béarn – Rotary Club de Pau qui a récompensé, entre autres travaux, un essai de Jean Casanave (Renouer avec la terre) ainsi que des ouvrages à caractère historique de Georges Destandau, Marie-Claude Vassal, Christelle Gignoud, Valérie Crosian Hourie, André Hourmilougué, Jacky Decaunes, etc.

Mais, aujourd’hui, l’année de son centenaire venue, l’Académie de Béarn a vocation à participer enfin pleinement au monde des lettres françaises, non seulement entre Nouvelle Aquitaine et Occitanie, avec celles de Bordeaux et de Toulouse, mais jusque dans le triangle d’or germanopratin de la Capitale, comme académie de province s’inscrivant dans le droit fil de la maison-mère, l’Académie française.

C’est pourquoi, à l’initiative de son président Marc Bélit, le Bureau de l’Académie de Béarn a décidé en 2023 la création d’un prix littéraire pérenne qui, pour sa première édition, en 2024, sera décerné dans le cadre des manifestations de célébration du Centenaire de l’Académie.

Il s’agit du Prix Marguerite de Navarre, dont la responsabilité a été confiée à l’académicien Patrick Voisin, avec le soutien inestimable de Paule Constant de l’Académie Goncourt, qui honore l’Académie de Béarn en ayant accepté d’être présidente d’honneur du prix et du jury.

Le Prix Marguerite de Navarre de la Nouvelle

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Margueritte de Navarre & l’Académie

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