Académie de Béarn

Une histoire singulière

Par Christian Desplat, historien

De Gaston Fébus à Henri III de Navarre, la vie culturelle en Béarn fut placée sous le signe de la curialisation. Il fallut attendre le 6 décembre 1718 pour que soit fondée à Pau par des magistrats du Parlement de Navarre l’une des premières Académies provinciales du XVllle sous le signe de l’élitisme social et économique. Le recrutement écarta les compétences et l’Académie contrôla la plupart des institutions culturelles de la province : Collège, Université, franc-maçonnerie.

Cet élitisme fut fatal à l’Académie qui avait lié son sort à celui de l’État monarchique. Son bilan lorsqu’elle fut supprimée en 1790 était cependant honorable : elle avait organisé un discours annuel, en 1767, « Le bonheur de l’homme ne consiste pas à être sans passion mais à s’en rendre maître ». Elle avait ouvert, dès 1744, une bibliothèque au public. Napoléon rétablit les Académies, mais les Palois ne créèrent que le 23 janvier 1841 une nouvelle « Société académique » fondée sur les compétences et qui accueillit aussi bien des orléanistes que des légitimistes ou des républicains. Cette société publia un fort bulletin et cessa ses activités deux ans après. Ce fut parmi ses membres que l’on trouva les refondateurs après la défaite de Sedan de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau.

Depuis sa fondation, elle a publié chaque année un Bulletin, soit plus d’un millier d’articles et quelque quarante mille pages. La SSLA de Pau n’était cependant pas au sens propre du mot une académie mais plutôt une société savante : son recrutement était illimité et elle ne connaissait que des compétences. Il fallait au Béarn une Académie qui reconnut toutes les formes de mérite.

Le 24 avril 1924, le docteur Georges Sabatier, Pierre Lasserre, Gaston Mirat et Louis Barthou fondèrent une académie sur le modèle de l’Académie française : elle comportait alors vingt membres, hommes et femmes. Cette féminisation inspira sans nul doute l’Académie française. « Ils devaient être Béarnais d’origine ou de filiation. Par filiation on entend le rattachement au Béarn par ascendance, parenté, alliance, travaux sur le pays, séjour prolongé ». Cette définition très extensive lui permit de recruter ses membres bien au-delà des limites de la Principauté. Elle s’épargna ainsi un régionalisme excessif. Elle publia des œuvres de plusieurs de ses membres, compta parmi ses rangs trois Académiciens français, quatre prix « Goncourt », un membre de l’Académie des Sciences, ambassadeurs, des officiers généraux…

La création de l’Université de Pau lui permit de soutenir les travaux des jeunes chercheurs et elle organisa ou participa à la plupart des grandes manifestations culturelles de l’après-guerre : quadri centenaire de 1553, de 1589 et Actes de leurs colloques, expositions et catalogues de Pau, ville anglaise, Les trésors des bibliothèques béarnaises…

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